ÈRE DES RÉVOLUTIONS:
LE COMPTE À REBOURS A COMMENCÉ
 
« Ce texte est ue version abrégée d’un article qui sera publié sur notre site internet à partir du 19 mars. »
 
Comment expliquer les « révolutions arabes » et la montée des contestations sociales et politiques dans le monde arabo-musulman ? Cette question est d’une importance capitale, car pour y répondre correctement, il faudra impérativement abandonner le terrain de l’empirisme simpliste qui envahit le monde actuel au profit d’une approche dialectique des événements qui secouent actuellement la région du Moyen Orient et d’Afrique du Nord. À écouter les sirènes de la propagande politique dans l’Occident capitaliste, les convulsions moyen-orientales expriment les aspirations des peuples arabes et musulmans à une démocratie à l’occidentale. Non seulement, cette affirmation est fausse mais elle recèle au fond une pensée foncièrement raciste et un ethnocentrisme exacerbé propre à un Occident qui s’érige en modèle pour les autres peuples de la planète considérés, pour reprendre un terme à connotation ethnologique et anthropologique, comme des peuples « sans histoire », des peuples mineurs incapables de penser par eux-mêmes, de choisir leur propre voie et d’inventer leur propre modèle politique et les institutions qui correspondent le mieux à leurs propres aspirations. La volonté de George Bush de faire du Moyen Orient un havre de démocratie et sa guerre contre le régime de Saddam Hussein sous le prétexte fallacieux d’instaurer un régime démocratique dans ce pays témoignent si besoin est de la persistance de ce fonds raciste et ethnocentriste de l’Occident capitaliste. Sans doute, dix ans après l’invasion de l’Afghanistan et huit ans de l’Irak, les peuples arabes qui se soulèvent aujourd’hui en masse contre leurs tyrans et les régimes soutenus et aidés par l’Occident capitaliste, ont-ils eu le loisir et le temps nécessaire pour voir et constater de visu à quoi rime la démocratie à l’Occidentale.
 
Pour mieux comprendre la portée des événements du Moyen Orient et les soulèvements en masse des peuples arabo-msulman, on ne peut pas faire l’impasse d’un système qui dure depuis deux siècles et qui a bouleversé de fond en comble la vie matérielle des hommes, en l’occurrence le mode de production capitaliste et son rejeton, l’impérialisme. Disons d’emblée, le système capitaliste, comme tout organisme vivant, est un système qui a fait son tems et qui arrive aujourd’hui à la fin de son cycle naturel et il est tout à fait normal qu’il meure de sa mort naturelle, car rien dans notre monde d’ici-bas n’est éternel. La féodalité n’est-elle pas morte après presque mille ans d’histoire ? Vu sa nature intrinsèque et son mode de fonctionnement, Il est d’ailleurs étonnant que le capitalisme, un système contre nature, ait pu survivre à toutes les crises et à toutes les convulsions qui ont émaillé son histoire. Si vous lisez ou si vous écoutez les discours des classes dominantes en Europe et aux Etats-Unis depuis deux cents ans, celles-ci n’ont qu’n seul mot à la bouche, la crise. Puisque le capitalisme est un système en crise permanente et endémique, à quoi bon s’accrocher à un système qui dure depuis plus de deux siècles ? Les hommes sont –ils sado-masochistes à ce point pour perpétuer un tel système mortifère ?
On comprend aisément le désespoir et le désarroi de tous ceux qui s’accrochent à un système qui rend son âme, qui ne réalisent pas que le capitalisme est fini et qu’il ne faut pas s’attendre à un miracle de dernière heure pour retarder sa fin promulguée. Annoncer la mort du capitalisme n’est pas un événement extraordinaire dans la vie des hommes, car elle est conforme à la dure loi de l’évolution, au principe de la négation dialectique qui veut que toute chose recèle en elle-même les facteurs de sa négation, et que les anciens organismes soient remplacés par de nouveaux organismes. Mais un organisme ancien ne disparaît jamais, sa disparition signifie tout simplement sa transformation en une autre chose et sa transformation ne s’opère jamais dans un néant absolu. Sans négation des choses anciennes, point de changements tant qualitatifs que quantitatifs, point de vie, point de sociétés. La négation est donc une étape incontournable et ce n’est qu’après l’étape de cette négations, c’est-à-dire lorsque la chose nouvelle a remplacé l’ancienne, que l’évolution peut se produire.
 
La période historique dans laquelle nous entrons aujourd’hui ou plutôt nous sommes entrés depuis trente ans, ressemble à bien des égards à l’ère des révolutions qui a suivi la révolution française, qui a duré environ cinquante ans et qui a permis en fin de compte à la bourgeoisie de mettre en place les structures de sa société de classe et de se consolider. Nous nous trouvons à présent dans la même configuration historique qu’il y a deux siècles mais à la différence de l’ère des révolutions du début du XIXème siècle, le monde s’achemine non pas vers une démocratie à l’occidentale, c’est-à-dire une mascarade et une technique bien commode pour maquiller l’exploitation capitaliste mais vers un monde nouveau fondamentalement différent de celui dans lequel nous avons vécu jusqu’ici. Dire que les « révolutions arabes » traduisent les aspirations des peuples arabo-musulmans à une démocratie à l’occidentale comme le claironnent les sirènes de la propagande capitaliste occidentale, est tout simplement un non sens logique et historique, car cette affirmation est contraire à la tendance générale du mouvement et à tous les lois et principes régissant le monde de la nature et de la société, à savoir la loi de l’évolution, la loi de la conversion réciproque entre le changement quantitatif et le changement qualitatif, la double négation ou le mouvement ascendant en spirale et enfin la loi du remplacement de l’ancien par le nouveau. 
 
Les classes dominantes dans l’Occident capitaliste savent pertinemment que ce qui est arrivé hier à leurs créatures arabes, les Ben Ali, les Moubarak, les Kadhafi, peut leur arriver du jour au lendemain, qu’ils ne sont de ce fait nullement immunisés contre un retournement de situation et qu’ils peuvent être à leur tour balayés par des révoltes populaires semblables à celles qui se déroulent actuellement dans le monde arabo-musulman. Une révolte peut survenir à tout moment et elle peut rapidement dégénérer en révolution dès le premier mort en sachant pertinemment qu’une révolution n’est pas quelque chose que l’on programme à l’avance autour d’un dîner, dans les coulisses, dans les antichambres ou dans des réunions de cellules. Une révolution est comme un volcan, peut éclater à n’importe quel moment sans prévenir, face à laquelle les classes dominantes et exploiteuses ne peuvent rien faire et cela malgré les moyens répressifs, policiers et militaires dont elles disposent.
 
FAOUZI ELMIR
 
Mots-clés : révolution, capitalisme, crise, dialectique



Créer un site
Créer un site