L’islamophobie et le fascisme européen du 21ème siècle
 
Le criminel norvégien Andeers Behring Breivik qui a massacré de sang froid selon les dernières estimations 76 personnes à Oslo et sur l’ile de Utoya où se tenait une réunion du mouvement de la jeunesse du parti travailliste, Arbeidaranes Ungdomsfylking, AUB, dirigé par Eskil Pedersen, ardent défenseur du boycott d’Israël notamment au niveau de la coopération universitaire et académique, est décrit par un porte-parole de la police comme un fou et un déséquilibré mental. Selon les premières déclarations du tueur fou, son geste meurtrier visait à « changer la société norvégienne ». En effet, le carnage perpétré par Anders Behring Breiivik montre une fois de plus que l’analyse des comportements des individus appartenant aux groupuscules et partis d’extrême droite relève davantage de la psychiatrie et des maladies mentales que du domaine de l’idéologie et de la politologie. Cependant, bien que le cas des millions d’électeurs qui légitiment par leur bulletin de vote un système qui les oppriment reste toujours du domaine de la psychiatrie et des maladies mentales, ces électeurs-là sont plutôt atteints d’un autre maladie, celle de l’intoxication mentale et du viol psychique provoqués par les produits toxiques répandus par la propagande politique lors des kermesses électorales organisées à intervalles réguliers dans les « démocraties parlementaires ».
 
Par Son geste criminel, le tueur fou norvégien, Anders Behring Brevik, va sans doute faire des émules en Europe et chez les yankees et il va sûrement entrer dans l’histoire comme un « héros » et comme un « patriote » dans le panthéon des « grands hommes », comme ardent défenseur de « l’Europe judéo-chrétienne » et « l’Europe blanche » aryenne, de Hitler à Jean Paul II, en passant par leurs comparses, et par tous ces illuminés, les Opus Dei, les néo nazis, les nostalgiques de la Gross deutsche Reich über alles, les sionistes, les partis d’extrême droite en Europe notamment dans l’Europe de l’Est etc. En gros, le tireur fou norvégien a apporté sa contribution au combat apocalyptique et millénariste comme le firent jadis ses ancêtres les Croisés, et comme le font aujourd’hui ses émules et tous ces zélotes qui luttent pour redonner à l’Europe son statut originel, c’est-à-dire une Europe blanche comme neige, « purifiée » et « nettoyée » de ses vils envahisseurs mahométans, ces basanés et ces métèques qui l’ont déjà « colonisée » et « occupée » et qui l’ont « souillée » et « infectée », par leurs impuretés sanguines.
 
Cela étant dit, il faudra dépasser le seul geste meurtrier de l’islamophobe norvégien pour essayer de comprendre les conditions d’émergence et de développement de l’islamophobie dans nos sociétés actuelles. L’abondante littérature consacrée à l’islamophobie pèche, nous emble-t-il, par empirisme stérile à bien des égards, car , au lieu d’expliquer le pourquoi du phénomène, se contente de le décrire sans apporter véritablement des réponses convaincantes et sans donner réellement les vraies clés de sa compréhension. Parmi les carences dont souffre la plupart des analyses et des études sur l’islamophobie, nous en citons deux : promo l’absence de contextualisation et second, la focalisation quasi maladive sur la rhétorique et les invectives islamophobes des partis et des groupuscules d’extrême droite.
 
D’abord, l'absence de contextualisation se manifeste par l’ignorance totale des conditions spécifiques d’émergence et de développement de l’islamophobie dans le sens où l’islamophobie n’est pas un phénomène ex nihilo né du jour au lendemain sous un ciel étoilé. Ceux qui traitent de cette question font donc l’impasse du contexte et des conditions objectives et subjectives qui ont donné naissance au phénomène de l’islamophobie. Ils n’essayent pas non plus à aucun moment de leur raisonnement à replacer l’islamophobie dans le cadre d’un système social, politique, économique et idéologique, le capitalisme et d’une conjoncture, la crise du capitalisme et ses conséquences sur l’hégémonie idéologique des classes dominantes en Europe et aux Etats-Unis. Pour dire les choses autrement, l’islamophobie est intrinsèquement et consubstantiellement liée à l’avènement du fascisme européen du XXIème siècle et à la fascisation des différents rouages de l’Etat et de la société. Si l’on perd de vue ce cadre et ce contexte, l’islamophobie devient un phénomène incompréhensible car son émpergence déoucle appelle comme par le passé, de l’avènement des régimes d’exception avec toutes les modifications politiques, institutionnelles et idéologiques qui en découlent. L’islamophobie apparaît à bien des égards comme à la fois l’expression de la crise de l’idéologie dominante héritée du siècle des Lumières et fondée sur le sécularisation et la laïcité de l’État et sur les valeurs universelles, telles l’universalité de la raison, de l’égalité et de  la liberté d’une part et comme l’effet induit par la crise de cette même idéologie, d’autre part. 
 
Ensuite, la focalisation quasi maladive sur le discours et la rhétorique islamophobes des groupuscules et des partis d’extrême droite est une manière bien commode pour les classes dominantes pour occulter les vrais enjeux politico-idéologiques et les vrais centres névralgiques de diffusion et de propagation de l’islamophobie sous sa double forme silencieuse et déclarée. En réalité, malgré les apparences trompeuses, ceux qui contribuent efficacement à la propagation et à la diffusion de l’islamophobie en Europe et aux États-Unis, ce ne sont pas les partis et les groupuscules d’extrême droite, mais tout simplement les partis dits de gouvernement, c’est-à-dire le parti unique à deux têtes, traduisons les partis de droite et les partis de gauche non communistes, qui gouvernement et qui alternent au pouvoir en Europe et aux États-Unis qui, grâce à leur mainmise totale sur les mass media et sur les hauts lieux de la production intellectuelle, propagaent et répandent à dose homéopathique et à différents niveaux de la société la xénophobie, le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie. Par leurs législations sur le voile, la burqa et par leurs référendums à répétition sur la construction des mosquées, les partis et les gouvernements européens n'ont qu'un seul but, la manipulation des opinions publiques, comme à la fois un thème de mobilisation politique et électorale et comme l’antidote et un redoutable dérivatif à la lutte des classes. Pour être clair sur ce point, c’est la propagande islamophobe et le matraquage systématique des paris et des gouvernements en Europe et aux Etats-Unis autour des thèmes de l’immigration , de l’Islam et des musulmans qui ont engendré par ricochet et par voie de conséquence les groupuscules et les partis d’extrême droite un peu partout en Europe et non l’inverse.
 
Sans l’islamophobie silencieuse des classes dominantes des pays capitalistes et leurs déclarations tonitruantes sur les soi-disant racine judéo-chrétiennes de l’Occident, sur « l’invasion des immigrés » du napoléonite Sarkozy et sur l’échec du multiculturalisme(Cameron, Merkel, John Howard etc), sans leurs législations bidonnées pour le besoin de la cause qui puent la xénophobie et l’islamophobie, le tapage médiatique sur les immigrés et leur prétendue « boulimie » pour les allocations familiales, sans les sondages bidonnés sur les « peurs » des « souchistes » vis-à-vis des « envahisseurs non-souchistes », sans toute cette littérature immonde qui donnent de la nausée des Thilo Sarrazin et ses comparses diffusés à grand renforts, sans les référendums orchestrés sur les mosquées, nous n’aurions jamais entendu parler à coup sûr ni d’immigrés ni de musulmans ni de tous ceux qui en font leur fonds de commerce politique, les le Pen père et fille, les Jorg Heider, les Geert Wilders, les Vlaams Blok, les Pia Kjaersgaard, les Jobikk etc.
 
Ce qui nous fait dire que le fascisme européen du XXIème siècle n’est pas une vue de l’esprit, mais dont les fondements ont été mis en place depuis les années 1980, ce sont en effet les éléments de comparaison entre le fascisme d’aujourd’hui et celui des années vingt et trente du XXème siècle, mais à deux différences près, 1) le fascisme européen du XXIème n’est plus confiné dans un, deux ou trois pays mais c’est tout le continent européen qui est devenu fasciste et 2°, l’ennemi et le bouc émissaire désigné à la vindicte populaire qui étaient jadis le juif deviennent sous le fascisme européen du XXIème siècle, les 16 millions de mahométans.
 
FAOUZI ELMIR
 
Mots-clés : islamophobie, fascisme, Europe,



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