Lumpenprolétariat du XXIème siècle, agent de dissolution des sociétés capitalistes occidentales
 
samedi 13 août 2011
 
Les émeutes de ces derniers jours en Angleterre, berceau du capitalisme occidental et de l’idéologie démocratique moderne et le premier laboratoire européen des idées archéo-libérales appliquées par Madame Thatcher, se révèlent d’une portée considérable à condition de les replacer dans la suite de la « crise financière » de septembre octobre 2008 et dans le cadre des événements et des convulsions qui ont secoué le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord au début de cette année 2011 et qui arrivent aujourd’hui sur les rivages de l’Europe. En quoi, disons-nous, les émeutes d’Angleterre sont des événements importants qui méritent un examen attentif, car, c’est la première fois depuis le XIXème siècle qu’un pays capitaliste et n’est pas n’importe quel pays capitaliste est frappé par une violente et une vraie révolte menée par le lumpenprolétariat du XXIème siècle, composé de jeunes désoeuvrés parqués dans des ghettos et reclus dans des « quartiers sensibles » que les classes dominantes, leur propagande politique et les chiens de garde de l’ordre établi s’ingénient à les présenter comme des classes dangereuses, comme des criminels et des gens « asociaux » et « anormaux ».
 
Si l’on essaie de chercher les raisons profondes qui sont à l’origine des émeutes ayant secoué l’Angleterre ces derniers jours, le premier constat qui s’en dégage est qu’elles ne sont pas dues comme aiment le ressasser les responsables politiques britanniques, à une horrible horde de criminels et à l’émergence du phénomène de gang et du gangstérisme mais elles ont été plutôt provoquées par 30 ans de nihilisme archéo-libéral et de révolution conservatrice menée par Madame Thatcher après sa prise du pouvoir en 1979 pour qui tous les maux de la société sont le fait de « l’État Providence » qui a faussé les sacro saintes règles du jeu du marché et qui a engendré, par sa politique de redistribution, une société d’assistés présentés par les mass media contrôlées par le grand capital et par les politicards corrompus et asservis, comme le seul responsable du déficit public des budgets des États, de l’alourdissement des impôts des riches tentés de partir de chez eux et des charges sociales qui grèvent dangereusement la compétitivité des entreprises. Dire que les émeutes anglaises ont été préparées souterrainement par 30 ans de thatchérisme et de blairisme qui en est la version soft ne suffit pas à lui seul à expliquer ce qui s’est réellement passé en Angleterre ces derniers jours, car elles ont révélé un phénomène inconnu jusqu »alors mais beaucoup plus dangereux pour les tenants de l’ordre établi, la désintégration et la dissolution de la société anglaise et plus généralement de toutes les sociétés capitalistes occidentales qui n’auront plus affaire cette fois-ci à des syndicats et partis politiques réformistes et parfaitement intégrés mais à un lumpenprolétariat d’un nouveau genre qui est prêt à tout et qui possède tous les moyens pour mettre à mort le système actuel.
 
La société capitaliste comme toute société de classe est une société artificielle maintenue artificiellement par une classe dominante qui recourt à la manipulation mentale des dominés pour les maintenir dans leur état de domination et qui dispose de toute une panoplie de moyens techniques et humains et d’un arsenal de stratagèmes fondés alternativement sur les contraintes physiques, psychologiques et symboliques. L’arme redoutable à laquelle ont toujours recouru les bourgeoisies européennes et leurs laquais, les politicards corrompus et asservis, pour maintenir la « cohésion sociale », est celle de diviser la société pour mieux régner en dressant les différentes couches de la société les unes contre les autres. Le dernier stratagème en date, devenu l’arme favorite par excellence des bourgeoisies européennes et américaine est l’instrumentalisation du religieux, la mise en scène du terrorisme islamique et la propagation à grande échelle de l’islamophobie pour provoquer la peur, la méfiance mutuelle entre les membres d’une même société.
 
Tous ces stratagèmes utilisés jusqu’ici pour manipuler le psychisme humain ont bien fonctionné mais ils se révèlent auourd’hui inadaptés et inefficaces face à l’émergence à grande échelle d’une nouvelle classe, le lumpenprolétariat interethnique dans les grandes métropoles capitalistes en Europe et aux Etats-Unis, une couche sociale qui est complètement réfractaire à la propagande politique des bourgeoisies capitalistes et à leurs innombrables moyens de manipulation et de contraintes physiques et psychiques. Car, si tous les moyens et tous les stratagèmes employés par les bourgeoisies et les capitalistes ont marché jusqu’ici, c’est parce que leurs destinataires et leurs victimes appartiennent à des classes moyennes et à des couches sociales ayant été fortement endoctrinés par l’institution scolaire et possédant un niveau moyen d’instruction. Or, le lumpenprolétariat du XXIème siècle est formé de groupes analphabètes ayant déserté l’école très jeunes sans savoir ni lire ni écrire ni compter. En revanche, ce qui caractérise ce lumpenprolétariat du XXIe siècle, c’est sa parfaite maîtrise des nouvelles technologies de communication à distance, notamment les réseaux sociaux de communication qui lui permettent de se mobiliser rapidement, de communiquer à distance et d’établir une stratégie et une tactique visant à coordonner des actions à l’échelle d’un territoire national voire à l'échelle d’un continent tout entier. Il n’est pas exclu que le prochain soulèvement de ce lumpenprolétariat se fasse instantanément non pas à l’intérieur d’un seul pays mais dans l’ensemble des pays européens voire même des territoires lointaines comme ceux des Etats-Unis et du Canada. C’est cette nouvelle classe, le lumpenprolétariat dont parle Marx qui est en train de bouleverser la donne et qui est en train de creuser la tombe des capitalistes, des bourgeoisies et de leurs laquais, les politicards en Europe et aux Etats-Unis et ce ne sont pas vraiment ces procédés ridicules et somme toute dérisoires, par exemple en mobilisant 16000 policiers dans les rues de Londres ou en coupant facebook, Twitter ou blackberry, qui vont empêcher l’implosion et la dissolution des sociétés capitalistes.
 
FAOUZI ELMIR
 
Mots-clés : émeutes, Angleterre, sociétés, capitalisme.  
 
 



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