Guerre coloniale en Libye :
Origines et cheminement vers le scénario irako-afghan
 
Samedi 27 août 2011
 
L’initiateur de la guerre contre le régime du colonel Kadhafi, le napoléonite Sarkozy n’est pas allé par quatre chemins et il s’est littéralement trahi en disant que la guerre actuelle contre la Libye, c’est « sa » guerre à lui. Se démarquant légèrement d’un autre criminel de guerre Georges Bush qui a mené sa croisade contre le régime de Saddam Hussein au nom de la démocratie et du nettoyage de ce pays de ses armes de destruction massives, ADM, les deux nouveaux criminels de guerre français et anglais, Sarkozy et Cameron ont justifié leur agression contre par les puissances impérialistes le peuple libyen et de renverser le régime du colonel Kadhafi au nom de l’humanitarisme et de la protection des populations civiles. Il faut rappeler que l’humanitarisme impérialiste a été inventé de toutes pièces par les Etats-Unis et leurs satellites à l’époque où ils cherchaient à démanteler l’ex-Yougoslavie et à abattre le récalcitrant Slobodan Milosevic. À l’origine de la guerre coloniale contre la Libye, il y a une convergence d’intérêts bassement matériels et des arrière-pensées électoralistes et politiques entre d’une part les deux criminels de guerre français et anglais et d’autre part les frustrations d’anciens compagnons du colonel Kadhafi mus par l’appât du gain et par un esprit mercantile débridé. Mais cet opportunisme politique n’explique pas tout, car il y a bien d’autres facteurs qui ont joué comme déclencheur de la guerre coloniale en Libye.
 
Origines de la guerre coloniale en Libye
 
L’idée que la guerre coloniale en cours contre la Libye est une guerre pour le pétrole contient certes une part de vérité mais elle est trop simpliste pour expliquer et rendre compte de la réalité politique et sociale et de la complexité des facteurs qui sont en jeu. D’abord, le régime libyen n’est ni un régime socialiste ni un régime communiste et il n’y a aucune raison apparente pour l’abattre pour s’emparer des puits de pétrole. Ceux qui exploitent le pétrole libyen, ce sont les grandes compagnies pétrolières occidentales, américaines et européennes qui font leur beurre en toute liberté et l’on voit mal comment l’or noir aurait pu constituer un facteur déclenchant du conflit actuel. Il existe certainement sur le terrain une compétition exacerbée et une lutte acharnée entre chacune des compagnies pétrolières pour s’accaparer du plus gros morceau de gâteau mais elles n’ont aucun problème ni avec le colonel Kadhafi ni avec la politique économique générale du régime puisqu elles exploitent librement, comme des renards libres dans des poulaillers, les champs pétrolifères, de la transformation et l’exportation de l’or noir.
 
Le facteur déterminant ayant ouvert, semble-t-il, la voie à la guerre coloniale en Libye et la lutte contre le régime du colonel Kadhafi, ce sont plutôt les conséquences sociales induites par la politique d’ouverture et l’introduction dans ce pays à structures tribales et communautaristes, d’un modèle individualiste et ô combien ravageur importé de l’Occident, celui du capitalisme sauvage dont les effets, comme tout le monde sait, sont toujours les mêmes, pauvreté, chômage de masse, misère, privation, frustration, révolte etc. En introduisant le capitalisme sauvage la loi de la jungle qui le caractérise, le régime du colonel Kadhafi a creusé sa propre tombe et il a scellé son arrête de mort en sapant les fondements sociologiques et les liens politiques sur et à partir desquels il s’est développé et s’est maintenu pendant plus de quatre décennies. Cette politique d’ouverture et d’introduction d’un capitalisme sauvage en Libye initiée par le propre fils de Kadhafi, Saif El-Islam, commence après l’invasion de l’Irak par les hordes bushiennes avec à la clé, l’abandon par le régime du colonel Kadhafi de son programme nucléaire et des armes de destruction massive. D’ailleurs, le renoncement du régime libyen à son programme nucléaire est devenu un argument de choc de l’Occident impérialiste contre l’Iran sommé d’imiter l’exemple libyen en abandonnant à son tour son programme nucléaire. En 2007, le régime libyen a procédé à une politique de privatisation de grande ampleur touchant tous les secteurs vitaux de la société notamment les banques et le logement. Avant l’introduction en 2007 du capitalisme sauvage dans l’économie libyenne, le revenu par habitant était parmi le plus élevé au monde et ce pays de six millions d’habitants ne connaissait pratiquement pas de chômage. L’introduction du capitalisme sauvage synonyme de chômage de masse surtout parmi les jeunes a préparé le terrain psychologique et politique pour une véritable révolte populaire durant les premiers jours des contestations mais elle a aussi crée les conditions objectives et subjectives pour l’émergence de forces centrifuges et centripètes hostiles au régime que les opportunistes de tout poil, qu’ils soient autochtones ou étrangers n’ont pas maqué de récupérer, de mobiliser et d’exploiter à leur profit en galvanisant l’énergie physique et psychique des masses contre l’ennemi commun, le colonel Kadhafi et son régime. Les « révoltes » tunisienne et égyptienne ont été une source d’inspiration et pour les deux criminels de guerre français et anglais et pour la bande d’opportunistes autochtones de Benghazi qui ont saisi le moment opportun pour prendre le train en marche en lançant leurs attaques contre le régime en place.
 
Vers le scénario irako-afghan
 
Les six mois de guerre coloniale contre la Libye ont exacerbé les rivalités et ils ont laissé de traces indélébiles entre les différentes composantes de la société libyenne et les atrocités commises ces derniers jours par les uns et par les autres présagent des jours sombres pour ce pays nord africain. Les marionnettes autochtones présentés par les stratèges de la guerre psychologique menée par l’Occident impérialiste comme des révolutionnaires ne sont en réalité qu’une bande de supplétifs utilisées et manipulées par des forces impérialistes comme il en existe lors de chaque guerre coloniale. La preuve que ces marionnettes autochtones du CNT ne représentent rien qu’eux-mêmes, c’est le projet actuellement en discussion à l’ONU par les pays envahisseurs représentés par l’OTAN visant à envoyer une force militaire et policière pour maintenir l’ordre d’abord à Tripoli et ensuite dans le reste du pays. C’et dire que ceux qui ont pris d’assaut la capitale libyenne et qui s’apprêtent à prendre la relève à Tripoli ne sont pas les marionnettes autochtones, celles que l’on voit sur la première page des journaux ou celles qui font la une des journaux mais des forces militaires terrestres et aériennes, des forces spéciales et des services des renseignements qui ont déployées dès les premiers jours du conflit.
 
Les pays envahisseurs de l’OTAN et leurs marionnettes autochtones veulent nous faire croire que la guerre est terminée par un vainqueur et un vaincu. Ceux qui propagent ce genre d’histoire, on comprend parfaitement leurs motivations profondes et leurs arrières pensés bassement matérielles et purement électoralistes ; ce sont à n’en pas douter, les affairistes, les opportunistes, les rapaces et les charognards de tout poil qui ont hâte de retrouver enfin la tranquillité et la paix civile qui sont deux conditions sine qua non pour commencer à faire des affaires. Mais les stigmates et les cicatrices de la guerre coloniale contre la Libye ne vont pas disparaître et elles ne vont pas se fermer de sitôt après tout ce qui s’est passé depuis six mois ; bien au contraire, les choses vont empirer encore un peu plus et les positions des forces antagonistes en présence vont se radicaliser encore un peu plus. Il ne faut pas être un grand analyste politique et un fin observateur de la politique internationale pour comprendre que la Libye est entrée désormais, comme avant elle l’Irak et l’Afghanistan, dans un cercle infernal de violence, de rivalités et de luttes sanglantes. Après la chute des Talibans en octobre 2001 suite à l’invasion de leur pays par les Etats-Unis et leurs supplétifs européens et extra européens, et après la chute du régime de Saddam Hussein en Irak en avril 2003 et surtout après la capture de ce dernier en décembre de la même année, tout le monde pensait que c’était fini et à cette époque régnait un optimisme démesuré parmi tous ceux qui pensaient qu’après chaque guerre, les choses reprennent leur cours normal. Hélas, la réalité était tout autre chose et l’on a vu rapidement émerger des mouvements de résistance dans ces deux pays ont infligé un cinglant camouflet à tous ceux qui croyaient au retour de la paix civile et à la tranquillité. Après la mort de Bin Laden, l’Amérique a crié victoire sur le terrorisme et voil^qu’hier, le bâtiment de l’ONU à Abuja, la capitale du Nigéria s’est effondré suite à un attentat suicide tuant 18 personnes. 
 
Dans le cas de la Libye, Il n’est nullement difficile de faire le même pronostic et d’avancer quelques hypothèses. La guerre qui se déroule actuellement en Libye n’est pas encore finie, elle n’a fait que commencer. La Guerre libyenne n’est pas à proprement parler une simple guerre civile semblable à la guerre civile qui a ensanglanté le Liban de 1975 à 1990. La guerre de Libye n’est pas une révolte non plus semblable à celles qui ont eu lieu en Tunisie, en Egypte, ou qui sont en cours au Yémen, au Bahreïn. La guerre en Libye est au fond une guerre coloniale menée par des forces impérialistes avec l’appui des supplétifs autochtones, une guerre semblable à celles qui ont eu lieu en Irak et en Afghanistan dans la mesure où les forces ayant pris l’initiative de renverser le régime en place ne sont pas des mouvements de résistance surgissant du fon fond du pays mais des envahisseurs étrangers et des Etats ayant une longue et sanguinaire histoire colonialiste et impérialiste. C’est pourquoi, ceux qui fêtent aujourd’hui la chute du régime libyen du colonel Kadhafi et l’avènement d’une nouvelle « démocratie » vont un peu vite en besogne et ils vont très rapidement déchanter face à un remake et à une répétition générale du scénario irakien et afghan avec l’émergence des mouvements de résistance et de libération nationale appelés à lutter et contre les envahisseurs extérieurs et contre leurs marionnettes autochtones.  
 
FAOUZI ELMIR
 
Mots-clés : Libye, guerre coloniale, OTAN, capitalisme.   



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