RÉVOLUTION DE JASMIN:
GROSSIÈRE MANIPULATION MÉDIATIQUE
 
Depuis la révolte de la jeunesse tunisienne contre le régime fantoche de Ben Ali, les mass média capitalistes en Occident relayés par leurs clones, les mass media arabes inventent de toutes pièces l’expression « révolution de jasmin » pour qualifier les événements qui ont secoué la Tunisie depuis le 17 décembre 2010 en référence aux révolutions des couleurs qui eurent lieu dans les anciens pays communistes et tout récemment en Iran avec sa révolution verte. D’abord, dire que la révolte tunisienne est une révolution, c’est aller un peu vite en besogne, car, sans minimiser aucunement la portée de cet événement et sa symbolique, le renversement du régime de Ben Ali n’a rien de révolutionnaire puisque le régime capitaliste que l’on peut appeler périphérique mis en place par les colonisateurs français depuis la soi-disant indépendance de la Tunisie continue et il n’y a aucune raison pour que cela change avec les nouveaux pantins qui vont succéder au pouvoir. Cette absence d’alternative politique dans la révolte tunisienne est due, comme c’est le cas de tous les pays du monde arabo-musulman, à l’inexistence de forces politiques et sociales révolutionnaires, en l’occurrence de partis communistes révolutionnaires, décidées à en finir une fois pour toutes avec le capitalisme au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et avec des régimes fantoches créés de toutes pièces par les anciennes puissances impérialistes sur les décombres de l’ancien Empire Ottoman.
 
La grossière manipulation médiatique veut nous faire gober l’idée que la révolte tunisienne est une révolution, ce qui est faux, car elle n’en est pas une dans la mesure où ceux qui ont mené la fronde contre le régime de Ben Ali n’ont rien de révolutionnaire et ils ne sont porteurs d’aucun projet politique alternatif susceptible d’abolir la propriété privée des moyens de production et donc le capitalisme dans leur pays qui est l’unique et le principal responsable de leurs malheurs et de leur misère. D’ailleurs, si la Tunisie est devenue aujourd’hui une zone franche notamment sous le régime de Ben Ali, c’est à cause de ses structures capitalistes héritées du passé et mises en place par les anciens colonisateurs français et maintenues par leurs agents autochtones qui ont pris leur place. C’est pourquoi les anciennes puissances coloniales ont tout fait pour empêcher l’arrivée au pouvoir d’hommes nouveaux décidés à couper le cordon ombilical avec leurs anciens colonisateurs, car toute atteinte au principe sacro saint de la propriété privée dans les « Etats » nouvellement indépendants était blasphématoire. Par exemple, sans le régime de la propriété privée des moyens de production consacré par des lois et des législations, il n’aurait pas eu un système capitaliste périphérique en Tunisie. Ce n’est pas seulement contre le régime fantoche de Ben Ali que la jeunesse tunisienne aurait dû diriger sa colère mais contre le capital transnational qui est le vrai responsable de son état d’esclavage et de sa misère matérielle et intellectuelle Il faut rappeler à toutes fins utiles et contrairement aux apparences trompeuses, que ce n’est pas un régime politique ou un l’Etat régime de Ben Ali qui est à l’origine du chômage des jeunes en Tunisie mais un mode de production fondé sur la propriété privée des moyens de production et sur l’accumulation du capital. L’État et le régime tunisien sont au service d’un système qui en profite mais qui contribue aussi à son maintien par la force, par l’idéologie et par l’abrutissement des masses comme dans les pays capitalistes en Europe et en Amérique du Nord.
 
L’appellation « révolution de jasmin » pour qualifier la révolte tunisienne est donc une pure supercherie médiatique et une vraie tromperie sur le produit, car les révolutions des couleurs qui ont eu lieu dans les anciens pays communistes et tout récemment en Iran après la élection d’Ahmadinejad sont en réalité des coup-d’Etat réactionnaires Made USA, préparés et manigancés par des stratèges états-uniens et des fondations vouées jadis à la lutte contre le communisme et après la chute du ce dernier contre des régimes et des dirigeants récalcitrants qui refusent d’obéir à l’œil et au doigt et qui ne veulent pas exécuter des ordres émanant de multinationales et des élites impérialistes. Si la révolte tunisienne n’a rien de « révolution de couleurs », c’est parce que ceux qui l’ont conduite étaient des jeunes chômeurs victimes du système capitaliste de leur pays synonyme de misère et de pauvreté et demandant des comptes à leurs dirigeants fantoches alors que le fer de lance des révolutions des couleurs menées dans les ex-républiques soviétiques ou en Iran sont des jeunes gens, généralement des étudiants manipulés et instrumentalisés par la propagande capitaliste américaine et européenne, par des fondations anticommunistes et par des stratèges états uniens commis pour renverser des régime ou des dirigeants qui ne sont plus en odeur de sainteté auprès de leurs anciens maîtres, à Washington, à Londres ou à Berlin etc. À cet égard, l’exemple de la Géorgie d’Edouard Chevardnadze est éloquent, car ce dernier qui, après avoir été l’homme des Américains après la dislocation de l’Union soviétique, est tombé par la suite en disgrâce et il allait être balayé par la révolution rose menée par un agent de la CIA, Michael Saakashvili.
 
La révolte tunisienne et les événements qui s’en suivirent avec la chute du régime Ben Ali sont tout sauf une révolution de couleurs. Car, le régime tunisien de Ben Ali était un régime pro-occidental inféodé aux intérêts du capital étranger, notamment une zone franche pour les capitaux français et américain, et les Etats-Unis et la France, sauf un masochisme avéré, n’ont aucun intérêt ni politique ni stratégique au renversement d’un homme et d’un régime considéré comme « amis ». Bien au contraire, les dernières déclarations fracassantes de la ministre des Affaires Etrangères Madame Michèle Alliot-Marie devant la « représentation nationale », en vantant le mérite et le professionnalisme reconnus dans le monde entier, des forces policières françaises en matière de répression des émeutes populaires ou selon la propre expression de la ministre de « gestion des foules », montrent, bien au contraire, que l’Occident capitaliste, notamment le gouvernement français et sa position se comprend facilement à cause de la présence massive de capitaux français dans les deux secteurs du tourisme et du textile, a œuvré jusqu’au bout et il a tout fait jusqu’au dernier moment, c’est-à-dire la fuite de Ben Ali et de sa famille en Arabie Saoudite, pour circonscrire les foyers de révolte et pour limiter de leur la propagation en essayant de sauver coûte que coûte, le régime policier et répressif de leur protégé. Les nouvelles technologies de communication mises en œuvre et utilisées jadis par les révolutions des couleurs (les vraies) pour renverser des régimes hostiles aux intérêts du capital transnational et ceux de l’impérialisme se sont avérées une arme à double tranchant, car la jeunesse tunisienne révoltée a réussi en déjouant, grâce aux images transmises aux autres villes et au monde par le téléphone portable et l’Internet, des victimes de la répression policière, la stratégie du pouvoir visant justement à « faire le travail » et réprimer à l’abri des regards et en toute tranquillité dans le sang la révolte et les manifestations. La soi-disant liberté de l’Internet octroyée par Ben Ali dans son dernier discours à la jeunesse en dit long sur l’échec retentissant des forces de répression tunisiennes dans la « gestion des foules » et l’étouffement de la révolte comme ce fut le cas dans le passé. C’est pourquoi, la révolte tunisienne est un phénomène sociologique assez intéressant et elle annonce un tournant dans l’histoire moderne dans la mesure où, désormais, en cas de nouvelles révoltes, aucun pouvoir ne serait assez fort pour cacher à son opinion publique et au monde entier, les images de la barbarie et de la sauvagerie de ses forces armées et policières.  
 
FAOUZI ELMIR
 
Mots-clés : Révolution de jasmin, manipulation, mass media Tunisie.
 
 
   
 
 
 
 
 



Créer un site
Créer un site